Mon premier (vrai) bania russe

- Catégories : Bien-être , Loisirs

J’avoue, j’ai longtemps repoussé l’expérience du vrai bania russe pour deux raisons : l’asthme, qui me met mal à l’aise dans les atmosphères humides et chaudes, et la température du bania russe. Et un jour, j’ai franchi le pas, malgré mes réticences et un premier test un peu raté (on a failli s’ébouillanter au milieu du Lac Baikal, en restant trop près des pierres chaudes au moment de jeter de l’eau dessus…)

 

Intérieurs typiques de banias russes (Adobe Stock et Pixabay)

Vous connaissez sûrement le sauna finlandais, qui est la plupart du temps autour de 80 à 100 degrés, avec une chaleur plutôt sèche. Le bania russe est à un niveau un peu supérieur : 100 à 120 degrés, avec une chaleur humide. De mon point de vue, l’effet est beaucoup plus rapide et plus intense.

Au-delà des différences de température et d’humidité, le bania russe est avant tout un rituel. La légende dit qu’on concluait et conclue encore des accords commerciaux dans les banias. Je n’en ai pas fait l’expérience personnellement, car c’est plutôt une affaire d’hommes, mais quelques conversations me laissent penser que l’invitation au bania n’a pas totalement disparu de la vie des affaires en Russie…

Alors, ce fameux rituel ? Déjà, il faut prévoir 2 à 3 heures pour l’expérience. Et comme j’ai toujours eu la chance d’y aller en mode mixte, c’est-à-dire indifféremment avec des hommes et des femmes, le rituel est celui des hommes, avec snacking et apéritif faisant partie intégrante de l’expérience. Dans la région de Rostov où j’habitais, ça inclut souvent des écrevisses - elles pullulent dans la région, du poisson séché, de la bière fraîche très légère et du thé. Le poisson séché comme la bière pression fraîche (comprendre le mot dans les deux sens du terme : faite maison et froide) sont des habitudes très russes, qu’on ne retrouve pas chez nous, et déjà une expérience en soi.

 Rituel du bania ou des sorties au bord de la rivière à Rostov, les écrevisses (Pixabay)

Le bania se trouve généralement dans une maison en rondins de bois, et comprend, en plus de la zone chaude, une douche et une salle commune. Et bien entendu, il est situé à proximité d’un point d’eau suffisamment profond (piscine, lac, rivière, etc). Vous allez rapidement comprendre pourquoi…

Bania en hiver. Quelque part en Russie ou en Finlande... (Pixabay)

Le rituel du bania russe consiste en effet à alterner le chaud, le froid et le repos. On commence par quelques minutes à transpirer à plus de 100 degrés (2 minutes pour moi la première fois, je n’ai jamais tenu plus de 5-6 minutes !!), dans une pièce où se trouvent des pierres chaudes, chauffées au bois, sur lequel on vient jeter de l’eau pour créer de la vapeur. Voilà pourquoi vous trouverez toujours un grand seau en bois et une grande louche dans un bania russe, et surtout, pourquoi les participants portent tous un bonnet en feutre et un gant également en feutre pour jeter de l’eau. Raison pour laquelle je m’étais fait peur la première fois : je n’avais pas le bonnet et le gant en feutre… La vapeur montant immédiatement au plafond, la tête et les oreilles sont les parties les plus exposées. D’où le port du bonnet…

Une fois qu’on a bien transpiré, on se jette dans l’eau… En été, ça ne m’impressionne pas spécialement, c’est même un réflexe de sauter dans la piscine ou le lac, en hiver c’est une autre histoire… Se rouler dans la neige, se jeter dans une piscine à quelques degrés (souvent entourée elle-même de neige), je dois avouer ne jamais avoir réussi à le faire par peur d’un choc thermique… Une fois sorti de l’eau, on s’attable pour se réhydrater (thé ou bière donc !) et manger un morceau.

 Un petit plongeon...? (Pixabay)

Puis, on répète l’expérience chaud-froid une ou deux fois, entrecoupée de cette phase de repos. Le dernier passage dans le bania est celui qui est le plus vivifiant, puisqu’il est le passage au véniki.  Qu’est-ce que le véniki ? Des branches de bouleau séchées, qui servent à fouetter la peau pour faire sortir les dernières toxines et vivifier le corps. Expérience garantie ! Au premier abord, c’est assez déroutant, mais pas spécialement douloureux si la personne qui vous fouette le fait correctement : il faut tremper les branches dans de l’eau, les secouer dans le bania pour disperser le trop plein d’eau, et fouetter le corps de ses camarades de bania sans exagération.

 Veniki. Plus les feuilles sont sèches, plus l'effet est garanti (Adobe Stock)

Pour avoir été assez souvent au hammam, je trouve l’expérience du gommage plus douloureuse que le véniki. Certes, l’effet n’est pas le même sur la peau – ce n’est pas le but, mais ça me permet de vous donner une idée de ce à quoi vous attendre niveau douleur ! Bon à savoir : vous n’avez pas besoin de gommage après un passage au bania, la peau morte part naturellement avec l’alternance chaud/froid.

En plus d’excellents moments passés entre amis, l’effet relaxant du bania est absolument indéniable et pour ma part, j’ai toujours dormi d’un excellent sommeil la nuit suivante !

J’ai cherché dans ma région (Rhône-Alpes) si des banias existent. Il commence à y avoir une petite percée, même si le sauna reste le modèle habituel. Notamment à Autrans, dans le Vercors. Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à partager vos bonnes adresses !

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